Le gobie

Il a une large tête, des joues renflées et des yeux proéminents. Ses nageoires ventrales sont en forme de ventouses. Il a débarqué – en trois versions, gobie à tache noire (Neogobius melanostomus), gobie de Kessler (Neogobius Kessleri) et gobie demi-lune (Proterorhinus semilunaris) – dans les eaux du Rhin, au début des années 2010, via le canal Rhin-Main-Danube. Il a aujourd’hui largement colonisé les eaux rhénanes.

Trois spécimens

« Le gobie à taches noires, originaire des mers Noire et d’Azov, est une espèce très résistante et capable de modifier son régime alimentaire en fonction des ressources disponibles dans le milieu. Le gobie à taches noires est également particulièrement vorace et impacte ainsi très rapidement les communautés d’invertébrés. De cette façon, l’écosystème entier en pâtit par le fait des modifications ou la disparition de certaines interactions inter spécifiques. » indique la biologiste Laurence Masson,l’une des spécialistes de l’espèce. Le gobie de Kessler n’a rien à lui envier. Il « paraît être pratiquement aussi efficace dans son invasion que le gobie à taches noires. Ses impacts sur les écosystèmes sont par conséquent comparables. Le gobie de Kessler est toutefois plus agressif et, au-delà d’une certaine taille, exerce une prédation sur des poissons de petite taille. » Le gobie demi-lune, le plus petit des trois avec ses 4-5 cm en moyenne, passe, lui, pour l’espèce la moins « inquiétante ». L’Inventaire national du patrimoine naturel du muséum national d’histoire naturelle n’a, pour l’instant, enregistré la présence de ces trois espèces que dans les rivières et fleuves des départements de Moselle et du Bas-Rhin.

Goût de rouget

« J’ai levé des filets sur les plus gros spécimens, ceux d’une quinzaine de centimètres. La chair est excellente, elle a la texture de celle du rouget et s’en rapproche très fortement sur le plan gustatif. Les plus petits, on les étête et on les éviscère, c’est vite fait, il n’y a pas grand-chose dedans, et on les fait en friture comme les ablettes. Ils sont également très bons ainsi. » indique Adrien Vonarb, président des pêcheurs professionnels sur le Rhin.